Démystifier les muscles stabilisateurs du bassin et de la colonne vertébrale

Démystifier les muscles stabilisateurs du bassin et de la colonne vertébrale

10 février 2014

Démystifier les muscles stabilisateurs du bassin et de la colonne vertébraleEn tant que clinicienne dans le domaine de la réhabilitation, j’interroge souvent mes patients sur leur routine d’exercices. Un commentaire qui revient souvent est le suivant : « Je travaille beaucoup mes muscles stabilisateurs, je fais beaucoup de redressements assis. » Bien que les redressements assis peuvent être intéressants afin de tonifier le muscle grand droit de l’abdomen, les muscles psoas et les muscles obliques.  Par ailleurs, plusieurs semblent confus à l’égard des muscles qui font partis des stabilisateurs du bassin et de la colonne vertébrale.

Jeffrey M. Willardson (2007) a publié une recension des écrits concernant ce sujet dans le « Journal of Strength and Conditioning Research ». Premièrement, il  s’est penché sur la définition et les rôles des muscles stabilisateurs. Il reprend la définition de Panjabi (1992) qui les définit comme étant des muscles ayant la capacité de solidifier et maintenir une zone ou un segment dans sa neutralité physiologique. Par exemple, une vertèbre possédant une bonne stabilité peut dévier de sa position initiale et peut revenir à sa neutralité statique tout en demeurant dans une mobilité qui n’occasionnera pas de dommages aux tissus adjacents (Reeves et al, 2007). Panjabi (1992) souligne qu’une stabilité optimale des régions lombaire et pelvienne est indispensable pour permettre la bonne séquence de recrutement musculaire afin effectuer une transition du mouvement des membres inférieurs vers les membres supérieurs. De plus, ce soutien permet de supporter des charges compressives importantes et des forces de torsion et ainsi protéger la colonne vertébrale et les racines nerveuses (Panjabi, 1992; Nadler et al., 2000, 2001, 2002). McGill (2001) et Nourbakhash et Arab (2002) proposent qu’une faible endurance musculaire des muscles stabilisateurs est grandement associée aux douleurs lombaires. Hodges et Richardson (1996, 1997) ont noté que les sujets qui recrutent efficacement leur muscle transverse de l’abdomen avaient significativement moins de douleurs lombaires que les sujets qui ne réussissaient pas a le contracter.

Deuxièmement, à travers ces travaux de recherches, Willardson (2007) a cherché à identifier les muscles stabilisateurs. Ainsi, il reprend les travaux de Bergmark (1989) qui subdivise les muscles stabilisateurs en deux catégories : les muscles globaux et les muscles locaux. D’ailleurs, il identifie les stabilisateurs globaux du tronc comme étant larges et superficiels. Ces derniers transfèrent les forces entre le thorax et le bassin et ils augmentent la pression intra-abdominale. Il s’agit des muscles : le grand droit de l’abdomen, le transverse de l’abdomen,  les obliques internes et externes, les paravertébraux et la portion latérale du carré des lombes (Bergmark, 1998). Selon Richardon et ses collègues (2002, tiré de Morey et Beekhuizen, 2007) les muscles globaux participent à la stabilisation statique de la colonne. Inversement, les muscles locaux stabilisent davantage les vertèbres lors des mouvements. Les muscles locaux sont plus profonds, plus petits et contrôlent les mouvements entre chaque vertèbre ou segment osseux. Il s’agit des muscles multifides, rotateurs, inter-épineux et inter-transversaires (Bergmark, 1989) et les fibres postérieures du psoas (Gibbons, 1999; Comerford et Mottram, 2000). Le concept du cylindre thoracique introduit par Gibbons (1999) suggère que les diaphragmes thoracique et pelvien participent également à maintenir la pression intra-abdominale et ainsi contribuent à maintenir la stabilité lombaire.

Maintenant que vous êtes éclairés sur l’importance et l’identité des muscles stabilisateurs, demandez à votre ostéopathe membre d’Ostéopathie Québec de vous aider à les normaliser!

 

Références:

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  • WILLARDSON, J.M. Core Stability and Training: Applications to Sports Conditioning Programs. J Strength Cond. Res. 21(3): 979-985. 2007
À propos de l'auteur

Cristina Pensato, D.O.

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