L’ostéopathie et la prévention des chutes chez les ainés

L’ostéopathie et la prévention des chutes chez les ainés

17 octobre 2016

L’ostéopathie et la prévention des chutes chez les ainésConsidérant la situation démographique mondiale actuelle où l’on observe un phénomène de vieillissement de la population, la problématique des chutes chez les aînés constitue un enjeu d’envergure. En effet, 30% de la population âgée de 65 ans chute au moins une fois par année ce qui constitue la cause première d’hospitalisation chez cette population au Canada (Institut Canadien d’Information sur la Santé, 2010). La chute est la cause de 95% des fractures de hanche et caractérise la principale raison de douleurs chroniques et d’invalidité chez les aînés (Gill, Allore, Halford & Guo, 2004). Cette situation retient l’attention de l’ensemble des intervenants de la santé, entre autres, des ostéopathes.

Les facteurs de risques prédisposant aux chutes sont multiples. Ils s’inscrivent en quatre grandes catégories, soient les risques biologiques, comportementaux, socio-économiques et environnementaux. Plus précisément, la vision, la médicamentation, l’âge, la peur de chuter ainsi que les troubles de la locomotion et de l’équilibre se hissent parmi les plus importants (Ambrose, (Paul & Hausdorff, 2013; Tuunainen, Raski, Jäntti & Pyykkö, 2014). Contrairement aux troubles de la locomotion et de l’équilibre qui font partie du champ d’expertise ostéopathique, la vision ainsi que le contrôle de la médicamentation s’en éloignent. Ces derniers éléments soulignent l’importance de la communication et collaboration interprofessionelles.

En outre, le maintien de l’équilibre dépend du bon fonctionnement de trois systèmes sensoriels, soit les systèmes vestibulaire, proprioceptif et visuel. Suite à l’intégration des informations reçues par ces trois systèmes, au niveau du système nerveux central, la réponse motrice appropriée s’effectue via le système musculo-squelettique. L’intégrité de cette boucle sensori-motrice est donc centrale en ce qui concerne le bon contrôle de l’équilibre des jeunes et des moins jeunes. Considérant que le traitement ostéopathique aborde, de manière directe ou indirecte, ces différents systèmes en lien avec l’équilibre et le système postural, l’ostéopathie se positionne donc comme une approche thérapeutique de choix dans la prévention des chutes chez les aînés.

En effet, le traitement ostéopathique du système musculo-squelettique permet d’équilibrer, entre autres, les tensions musculaires, et ainsi intervenir sur des boucles réflexes neuromusculaires qui affectent l’optimalité de la réponse motrice lors d’une perte d’équilibre. L’ostéopathie favorise la mobilité articulaire et l’intégrité proprioceptive, augmentant ainsi la capacité de se mouvoir avec contrôle et d’effectuer les activités de la vie quotidienne, libre de douleurs ou d’inconforts. De plus, le traitement de la sphère crânienne et de la jonction crânio-cervicale visant les systèmes vestibulaire et proprioceptif, ont été associés à une diminution des oscillations en posture statique (Lopez et al., 2011). Cette observation est d’un intérêt marqué, considérant que l’augmentation de des oscillations chez les aînés, phénomène physiologique, sont corrélées à de futures chutes (Maki, Holliday, & Topper, 1994).

Considérant la nature multifactorielle des chutes, les interventions visant un seul facteur de risque tendent à être limitées en efficacité. En contrepartie, les interventions complexes déployées sur tous, et ce sans évaluation spécifique des besoins individuels, tendent à être peu concluantes et peu économiques (Tinetti, 2003; Chang et al., 2004). Les revues systématiques examinant l’efficacité des approches préventives des chutes concluent donc que la meilleure approche réside dans une évaluation individuelle et exhaustive des facteurs de risque affectant chaque individu (Cameron et al., 2010; Gillsespie et al., 2009; McKay & Anderson, 2010). Cette analyse individuelle et cette prise en charge globale du patient est au cœur de la pratique ostéopathique rendant cette approche d’autant plus adaptée pour soigner les aînés.

En collaboration avec les autres intervenants de la santé, l’ostéopathe est dans une posture privilégiée non seulement pour intervenir sur les différents systèmes physiologiques associés au maintien de l’équilibre mais aussi pour conseiller, guider et sensibiliser les aînés concernant les causes des chutes. Il peut ainsi jouer un rôle clé dans la prévention des chutes chez les aînés, et donc contribuer à une meilleure qualité de vie chez cette population croissante.

Références:

  • Ambrose, A. F., Paul, G., & Hausdorff, J. M. (2013). Risk factors for falls among older adults: A review of the literature. Maturitas, 75, 1, 51-61.
  • Cameron, I.D., Murray G.R., Gillespie, L.D., Robertson, M.C., Hill, K.D., Cumming, R.G., et al. (2010). Interventions for preventing falls in older people in nursing care facilities and hospitals. Cochrane database systematic reviews. Art.no.: Cd005465.
  • Chang, J. T., Morton, S. C., Rubenstein, L. Z., Mojica, W. A., Maglione, M., Suttorp, M. J., Roth, E. A., & Shekelle, P. G. (2004). Primary care – Interventions for the prevention of falls in older adults: Systematic review and meta-analysis of randomised clinical trials. British Medical Journal, 328, 7441, 680.
  • Gill, T.M., Allore, H.G., Holford, T.R., & Guo, Z. (2004) Hospitalization, restricted activity, and the development of disability among older persons. JAMA; 292: 2115–24.
  • Gillespie, L.D., Robertson, mC., Gillespie W.J., Lamb, S.E., Gates, S., Cumming, R.G., et al. (2009). Interventions for preventing falls in older people living in the community. Cochrane database systematic review: art.no.: Cd007146.
  • Institut canadien d’information sur la santé. (2010). Les personnes âgées et les chutes : Hospitalisations à la suite d’une chute. Repéré le 19 janvier. 2016 à http://www.cihi. ca/cihi-ext-portal/pdf/internet/seniors falls info_fr
  • Ioannidis, G., Papaioannou, A., Hopman, W.M., Akhtar-Danesh, N., Anastassiades, T., Pickard l, et al. (2009). Relation between fractures and mortality: results from the Canadian multicenter osteoporosis study. Canadian medical association Journal; 181(5):265-71.
  • Lopez, D., King, H.H., Knebl, J.A., Kosmopoulos, V., Collins, D., & Patterson, R.M. (2011) Effects of Comprehensive Osteopathic Manipulative Treatment on Balance in Elderly Patients: A Pilot Study. Journal of the American Osteopathic Association; 111(6):382-388.
  • Maki, B. E., Holliday, P. J., & Topper, A. K. (1994). A prospective study of postural balance and risk of falling in an ambulatory and independent elderly population. Journal of Gerontology, 49, 2, 72-84.
  • McKay, C., & Anderson, K. E. (2010). How to manage falls in community dwelling older adults: a review of the evidence. Postgrad med J.; 86, 299-306.
  • Tinetti, ME. (2003) Clinical practice: preventing falls in elderly persons. The New England Journal of Medecine;348:29–42.
  • Tuunainen, E., Rasku, J., Jäntti, P., & Pyykkö, I. (2014). Risk factors of falls in community dwelling active elderly. Auris, Nasus, Larynx, 41, 1, 10-6.
  • Wu, T.-Y., Chie, W.-C., Yang, R.-S., Kuo, K.-L., Wong, W.-K., & Liaw, C.-K. (2013). Risk factors for single and recurrent falls: A prospective study of falls in community dwelling seniors without cognitive impairment. Preventive Medicine, 57, 5, 511-517.
À propos de l'auteur

Antoine Del Bello, I.O.

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