L’ostéopathie et la vessie hyperactive

L’ostéopathie et la vessie hyperactive

8 décembre 2015

L'ostéopathie et la vessie hyperactiveQu’est ce que la vessie hyperactive
Le syndrome d’hyperactivité vésicale se caractérise par des symptômes d’urgence mictionnelle et/ou d’augmentation de la fréquence urinaire quotidienne (+ que 5 à 7 fois) et/ou d’augmentation de la fréquence nocturne (+ que 1 fois durant la nuit) et/ou de perte urinaire par impériosité. Avec ce type de problème peut se manifester de l’incontinence urinaire qui se caractérise par le fait qu’une fuite survient par manque de temps pour se rendre à la toilette (Abrams et al., 2003 et 2009 Bourcier et al., 2005; Newman et Wein, 2009).

Les causes
Cette problématique origine de diverses causes qui peuvent être fonctionnelle ou médicale. D’un point de vue fonctionnel, elle peut se présenter secondairement à une pression mécanique sur la vessie. Par exemple, après un accouchement où il y a eu une hyperpression prolongée sur celle-ci ou les conséquences d’adhérences cicatricielles suite à une chirurgie abdominale. Les symptômes peuvent être attribuables aux conséquences d’une irritation prolongée de la vessie qui amène une diminution de l’élasticité des tissus (ex: cystite interstitielle ou infection urinaire à répétition). De plus, le fonctionnement vésical pourrait être influencé par une réponse inadéquate du système nerveux au niveau local comme lors d’une lésion majeure d’une vertèbre lombaire par glissement (spondylolysthésis) ou le débalancement du bassin suite à un traumatisme comme une chute sur le coccyx (fracture). Notons que la vessie hyperactive peut aussi parfois être d’origine psychologique. Toutefois, le débalancement pourrait prendre place suite à un désordre neurologique (ex: blessure médullaire, sclérose en plaques) qui devient un problème médical, chronique et permanent. Finalement, il est important de souligner qu’un diagnostic différentiel doit être posé au niveau médical.

Facteurs de risques
Malgré le manque de preuves scientifiques, il existe quelques facteurs de risques pouvant potentiellement affecter la gravité des symptômes dans certains cas. Les boissons diurétiques (café, boissons énergétiques), une prise de liquides quotidienne inadéquate (trop grande ou petite quantité), la constipation, l’obésité et fumer la cigarette sont tous des facteurs irritants au niveau vésical.

Les traitements médicaux suggérés
Actuellement, le traitement de première ligne offert dans plusieurs des cas de vessie hyperactive est l’approche comportementale. Il s’agit d’enseigner et de conseiller la personne concernant ses habitudes mictionnelles telles que d’uriner selon un horaire, de contrôler l’urgence par des techniques générales de relaxation et d’entrainer les muscles du périnée par des exercices de renforcement. La médication de type antispasmodique est aussi largement répandue. Si ces méthodes échouent, on pourrait avoir recours à d’autres sortes de thérapies telles que la neuromodulation sacrée et la chirurgie.

L’ostéopathie
Lorsque la cause de l’hyperactivité vésicale est fonctionnelle, le but des interventions en ostéopathie est de ramener une mobilité optimale de plusieurs éléments du corps pour favoriser une meilleure fonction vésicale en recherchant, par un examen minutieux, les causes primaires de cette dysfonction. Après une anamnèse détaillée, des normalisations ostéopathiques au niveau de la colonne vertébrale et du bassin, des organes et viscères et du système nerveux central et périphérique pourront être effectuées selon les priorités retrouvées. Précisons que les lésions au niveau du bassin (iliaques, sacrum, coccyx, pubis, coxo-fémorales) ainsi que le muscle diaphragme et les muscles du plancher pelvien seront évaluées et traitées parce que ces éléments pourraient perturber le bon fonctionnement de la vessie par différents mécanismes. De plus, d’autres structures seront considérées tels que le foie, l’estomac, le pancréas, les intestins, les reins et l’utérus parce qu’ils ont aussi la capacité de contribuer à bâtir un débalancement vésical par hyperpression ou traction.  De plus, on vérifiera les lésions crâniennes descendantes et les influences montantes des membres inférieurs qui pourraient être traitées en parallèle lors de problématique viscérale.

Conseils
Il est suggérer de modifier certaines habitudes de vie lorsque des symptômes d’hyperactivité vésicale surviennent; votre ostéopathe pourra vous conseiller. Tout d’abord, on suggère la diminution de café à deux tasses par jour (Newman, 2007) et le volume quotidien de liquide devrait se situer à environ 2,5L par 24h (Newman et Wein, 2009). On demande de réduire la prise de liquides après 18H en privilégiant l’hydratation plutôt le matin et l’après-midi pour réduire la nycturie (Newman, 2007). Pour éviter la constipation, on recommande d’augmenter la prise de fibres alimentaires et de liquides, de débuter un programme d’exercices et d’établir un horaire pour la défécation. Il est aussi important de ne pas ignorer l’urgence d’aller déféquer mais plutôt de répondre le plus rapidement possible à ce besoin (Newman et Wein, 2009). La perte de poids et la cessation de l’usage du tabac sont aussi à prévoir pour atténuer les symptômes. Il est fortement recommandé de faire des exercices pour le renforcement du plancher pelvien. Ce dernier joue un rôle important dans le soutien de la vessie et le maintien de la continence (Newman, 2007).

Références:

  • Abrams, P., Cardozo, L., Fall, M., Griffith, D., Rosier, P., Ulmsten, U. … Wein, A. (2003). The standardisation of terminology in lower urinary tract function: report from the standardisation sub-committee of the International Continence Society. Urology, 61(6), 37–49.
  • Abrams, P., Artibani, W., Cardozo, L., Dmochowski, R., Van Kerrebroeck, P. et Sand, P. (2009). Reviewing the ICS 2002 terminology report: the ongoing debate. Neurourology and Urodynamics, 28(4), 287. doi: 10.1002/nau.20737
  • Bourcier, A. P., McGuire, E. J. et Abrams, P. (2005). Dysfonctionnement du plancher pelvien. Tome 1: Physiopathologie et investigations. Paris, France : Elsevier.
  • Newman, D. K. (2007). Conservative therapy for incontinence. Dans Goldman, H.B., Vasavada S.P. (éds), Female Urology: a Practical Clinical Guide (pp. 63–79). Totowa, New York: Humana Press.
  • Newman, D. K. et Wein, A. J. (2009). Managing and treating urinary incontinence (2ème éd.). Baltimore, États-Unis: Health Professions Press.
À propos de l'auteur

Anaïs Seguin, D.O.

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