Cohérence cardiaque et douleur chronique
Douleur chronique
Sans rentrer dans toutes les définitions de la douleur chronique, ni dans toutes les subtilités des systèmes et des structures engagées dans le processus de la douleur, il est reconnu que la douleur chronique implique des capteurs de douleurs (nocicepteurs). Ces derniers sont situés dans la peau, les tendons, les vaisseaux sanguins, les muscles, les viscères et les os. L’activation de ces nocicepteurs entraine ensuite une transmission du message vers la moelle épinière. En bref, un faux mouvement ou un choc, par exemple, peut entrainer une activation de ces capteurs et produire un message de douleur.
Que se passe t’il alors dans la douleur chronique ?
Dû à plusieurs facteurs (état de santé du système nerveux, dysfonction de mobilité de structures anatomiques, l’aspect génétique, etc.), ces capteurs peuvent être soumis à une compression ou à un étirement permanent qui va provoquer leur stimulation. Par conséquent, une activation persistante de ces capteurs va faire en sorte de diminuer le seuil d’activation des cellules nerveuses de la moelle épinière. Avec le temps, ces cellules deviennent de plus en plus sensibles et vont envoyer des messages de douleur au cerveau avec une stimulation des capteurs plus faibles (léger mouvement ou étirement, par exemple). Notons que dans des conditions normales, le message ne serait pas envoyé (santé et mobilité des éléments anatomiques, santé du système nerveux, santé mentale et émotionnelle, etc). Il va sans dire que la douleur chronique implique non seulement les aspects physiologiques évoqués mais également des éléments émotionnels et psychologiques ainsi que le contexte social.
Cohérence cardiaque
Dans un précédent article, nous avons élaboré avec plus de détails sur le lien entre le système nerveux autonome et la variabilité de la fréquence cardiaque. Précisons que ce système nerveux est subdivisé en systèmes sympathique et parasympathique. D’après les nombreuses études du HeartMath Institute, il est maintenant reconnu que la cohérence cardiaque permet un meilleur tonus du système nerveux parasympathique et notamment en améliorant le flux d’informations nerveux le long du nerf vague. Celui-ci transporte 80% des informations venant du corps vers le cerveau.
En pratiquant la cohérence cardiaque, couplée à des traitements ostéopathiques, il serait possible de favoriser une meilleure respiration en libérant les tensions restreignant la pleine mobilité du diaphragme thoracique (muscle respiratoire principal). Une respiration plus optimale favorise des meilleurs pompages du sang et d’échanges gazeux dans les poumons. Pendant la respiration, l’expulsion du CO2 de nos poumons et l’oxygénation du sang par l’O2 inspiré participent à une meilleure santé cellulaire globale. Il serait donc logique de déduire qu’il y aurait un effet possible cellulaire, en diminuant l’inflammation, tel que présente dans la douleur chronique. Ainsi, l’intensité de la douleur chronique pourrait s’atténuer par la pratique de la cohérence cardiaque.
Effet de l’amélioration du trafic nerveux vagal sur la physiologie nerveuse
Un des effets notés par la cohérence cardiaque, via l’amélioration du trafic d’influx nerveux vagaux est d’inhiber les chemins neuronaux de la douleur vers le thalamus (une structure nerveuse située au centre du cerveau). Pour vérifier cet aspect, il a été noté dans des études réalisée en 1991 et 1994 par Foreman, que la stimulation vagale produite en pratiquant un état de cohérence cardiaque régulièrement, peut atténuer jusqu’à 60% l’activité des cellules situées dans la moelle épinière le long de fibres reliées au thalamus (tractus spino-thalamiques) diminuant ainsi le message de douleur. Cette observation a été confirmée par des nombreux cliniciens utilisant la technique HeartMath.
Effet de la stimulation vagale sur la régulation émotionnelle
Le processus de génération, conscientisation et gestion émotionnelle implique de nombreux acteurs anatomiques comme les fascias qui entourent chaque élément anatomique et tissent un réseau de connexions à travers le corps entier et, plusieurs structures du cerveau. L’amygdale qui est une structure profonde du cerveau, est très impliquée dans les mémoires et les peurs. Celle-ci est directement influencée par la variation des battements cardiaques dus aux émotions. Ainsi, la pratique courante de cohérence cardiaque permet de réguler les battements cardiaques. Et, tel que suggéré par diverses études, cette pratique permet de court-circuiter les circuits de réponse rapide, générant des émotions dites « négatives » et favorise les circuits de réponse longue qui fait appel à la pensée afin de « contrôler » ses émotions. Qui n’a pas ressenti une réactivation de ses douleurs lors d’une colère ou d’une tristesse? En effet, des structures nerveuses spécifiques sont également impliquées dans l’aspect émotionnel de la douleur chronique.
En résumé, la pratique de cohérence cardiaque permet de mieux appréhender et gérer la douleur chronique par les voies physiologique et émotionnelle. Votre ostéopathe peut vous conseiller sur ces aspects de la douleur.
Références:
- Chandler, M.J., Brennan, T.J., Garrison, D.W., Kim, K.S., Schwartz, P.J. et Foreman, R.D. (1994). A mechanism of cardiac pain suppression by spinal cord stimulation: implications for patients with angina pectoris. Eur Heart J, 14(1), 96-105.
- Chandler, M.J., Hobbs, S.F., Bolser, D.C., et Foreman, R.D. (1991). Effects of vagal afferent stimulation on cervical spinothalamic tract neurons in monkeys. Pain, 44(1), 81-87.
- Recherches du Heart Math Insititut : https://www.heartmath.org/research/research-library/
Julien Fatisson, PhD., D.O, en collaboration avec Qualita