Approche biopsychosociale
Comme tout modèle, l’approche biopsychosociale (BPS) est un outil médical théorique qui permet aux professionnels de la santé de considérer la personne qui les consulte dans son ensemble physiologique mais également avec les facteurs psychologiques et l’environnement social qui caractérisent et définissent cette personne.
En quoi l’approche BPS consiste t-elle?
Cette approche, proposée par Engel en 1980 concerne une gestion de différentes problématiques en restant centrée sur le patient mais elle reste encore peu comprise. Engel a, par exemple, publié un article sur l’application clinique de la BPS décrivant un cas de patient souffrant d’arythmie cardiaque, exacerbée par le manque d’empathie de son médecin traitant. De plus, en 1998, une étude de Linton et Hallden fut menée sur ce qui peut aider à prédire comment une douleur aigue du dos peut évoluer. Il fut noté que l’état de peur de retourner au travail est un facteur déterminant pouvant entraver le succès de la prise en charge. Selon ces constats, et ce ne sont que deux exemples, il semble nécessaire de considérer l’état de stress et ses sources dans de nombreuses problématiques de santé.
Autant l’approche BPS a été proposée à l’origine par Engel comme une philosophie de pratique, autant cette approche est depuis utilisée comme un guide de pratique clinique. Elle peut donc être vue comme un outil rigoureux, basé sur une démarche scientifique, et non une simple humanisation des soins, ni une démarche holistique intégrant des aspects mystiques.
L’approche BPS et l’Ostéopathie
Les principes philosophiques de l’Ostéopathie manquent de recherches reliant les soins ostéopathiques à leur efficacité. Ce constat peut mettre l’ostéopathie en défaut, en quelque sorte, face à la demande d’approches basées sur les preuves (evidence-based practice). Dans ce contexte, J. Nicholas Penney a écrit un article en 2013 afin de proposer des corrélations entre les principes philosophiques ostéopathiques et l’approche BPS. Il mentionne que pour les ostéopathes, aucune partie du corps ne peut être isolée du reste et que les composantes psycho-émotionnelles font partie de la prise en charge et de la récupération. De ce fait, les avancées des neurosciences sont en accord avec la compréhension des ostéopathes concernant la spiritualité, les valeurs morales et la régulation émotionnelle. « Ainsi, en endossant les modèles de Still (fondateur de l’Ostéopathie), Engel et d’autres encore intègrent l’interaction entre le corps et l’esprit, dans le but de maintenir la santé ». (traduction libre)
Par ailleurs, il conclut que le soin ostéopathique ne peut uniquement être basé sur la biomécanique du corps humain, et ceci afin rester fidèle aux principes philosophiques ostéopathiques et à l’approche BPS.
Encore récemment, Zegarra-Parodi, Draper-Rodi et Cerritelli (2019) ont présenté leur réflexion sur l’inclusion des dimensions religieuse et spirituelle dans la pratique thérapeutique axée sur l’aspect musculo-squelettique. Ils mentionnent qu’une approche basée sur la preuve scientifique incluant des composantes spirituelle et biopsychosociale pour gérer des problèmes musculo-squelettiques peut faciliter la communication avec les personnes consultant en ostéopathie. Précisons que, toutes les expériences passées des patients peuvent avoir un impact sur l’interprétation de leurs symptômes physiques.
Finalement, Penney (2013) mentionne qu’afin de proposer une « meilleure pratique » ou un « meilleur soin », la science ne peut être pertinente et utile qu’au thérapeute qui est ouvert à changer son point de vue et ses croyances quand cela devient nécessaire.
Références :
- Engel, G. L. (1977). The need for a new medical model : A challenge for biomedicine. Science, 198, 129-196.
- Engel, G. L. (1980). The clinical application of the biopsychosocial model. American Journal of Psychiatry, 137, 535-544.
- Linton, S. J. et Halldén, K. (1998). Can we screen for problematic back pain ? A screening questionnaire for predicting outcome in acute and subacute back pain. Clinical Journal of Pain, 14, 209-215.
- Modèle biopsychosocial : beaucoup plus qu’un supplément d’empathie
https://www.revmed.ch/RMS/2010/RMS-258/Le-modele-biopsychosocial-beaucoup-plus-qu-un-supplement-d-empathie. - Penney, N. J. (2013). The Biopsychosocial model : redefining osteopathic philosphy? International Journal of Osteopathic Medicine, 16, 33-37. https://www.journalofosteopathicmedicine.com/article/S1746-0689(12)00107-1/abstract
- Zegarra-Parodi, R., Draper-Rodi, J. et Cerritelli, F. (2019). Refining the biopsychosocial model for musculoskeletal practice by introducing religion and spirituality dimensions into the clinical scenario. International Journal of Osteopathic Medicine, 32, 44-48. https://www.journalofosteopathicmedicine.com/article/S1746-0689(19)30009-4/pdf
Julien Fatisson, PhD., D.O, en collaboration avec Qualita
Un commentaire
Le modele biopsychosocial est significativement plus efficace que le modele biomedical, tant en termes d’elucidation des problemes de sante qu’en termes therapeutiques