Céphalées d’altitude et ostéopathie
Depuis plusieurs années, les défis en haute montagne attirent les aventuriers de tous les milieux et de tous les âges. Que ce soit dans un but caritatif, pour relever un défi personnel ou bien en relation avec une quête spirituelle, plusieurs personnes choisissent de fouler les hauts lieux de la planète. Le Népal demeure une destination privilégiée pour les randonneurs et les alpinistes de hautes montagnes. Ce type de voyage n’est pas sans conséquence puisque l’altitude affecte à divers degrés la majorité des personnes; soit par le manque de capacités individuelles à s’adapter à la raréfaction d’oxygène en ces hauts lieux, soit à cause d’un manque d’entraînement préalable, soit en conséquence d’un choix inadéquat en ce qui concerne les stratégies d’acclimatation. Les symptômes qui peuvent apparaitre font partis du mal aigu des montagnes (MAM) et comprennent les céphalées, l’insomnie, la perte d’appétit, les nausées, les étourdissements, la dyspnée à l’effort, la diminution de la diurèse, la fatigue, les vomissements, le manque de coordination (Roach, R., Stepanek, J., Hackett, P., 2002).
Aucune recherche ostéopathique connue et complétée n’avait eu lieu avant l’automne 2011 sur les effets des traitements ostéopathiques sur le mal aigu des montagnes. Pruneau (2012), chercheur et ostéopathe québécois a réalisé un projet pilote en octobre 2011 au Népal dans le Parc National de Sagarmatha (Chaîne Himalayienne) sur les céphalées liées au mal aigu des montagnes (MAM) sur une période d’un mois. L’hypothèse de recherche formulée était : le traitement ostéopathique global et spécifique a un effet immédiat significatif sur les céphalées liées au mal aigu des montagnes de léger à modéré chez les randonneurs et les alpinistes. Afin de répondre à sa question de recherche, celui-ci a procédé à une étude de type quasi-expérimental croisé avec une population d’hommes et de femmes âgée de 35 à 52 ans. Les outils de mesure utilisés ont été le Lake Louise Scoring Système (LLSS) et l’évaluation visuelle analogue (EVA) afin d’évaluer particulièrement l’impact des traitements ostéopathiques sur l’intensité des céphalées en altitude. Les résultats de l’étude démontrent que les traitements ostéopathiques ont un effet sur les symptômes du MAM. Ainsi, l’intensité des céphalées a diminué de façon significative selon EVA et les symptômes globaux du MAM se sont avérés moins importants significativement selon LLSS. Notons qu’avec la méthodologie développée, Pruneau (2012) a aussi évalué que les traitements ostéopathiques (50 min.) étaient plus efficaces qu’une période de repos (50 min.).
Qui plus est, un deuxième volet s’est développé au cours de l’expérimentation. Le chercheur a établi de solides liens avec le médecin responsable du centre de santé de Namche Bazar (lieu de l’expérimentation). D’ailleurs, Pruneau a été inclus dans l’équipe médicale et il a pu donner quatre-vingts traitements aux résidents népalais vivants en montagne. Cette collaboration professionnelle est l’assise d’intéressants développements futurs en ce qui concerne l’élaboration possible de stages en ostéopathie pour aider le peuple Sherpa.