Concept ostéopathique et lésion du ménisque interne
LE CONCEPT OSTÉOPATHIQUE D’APPUI EN COMPRESSION OU EN SUSPENSION ET LA FRÉQUENCE DES LÉSIONS DU MÉNISQUE INTERNE
Je me suis toujours demandé pourquoi la lésion du ménisque interne du Genou était cinq à huit fois plus fréquente que celle du ménisque externe. Grace au concept de l’appui (fulcrum) en compression ou en suspension que nous utilisons en Ostéopathie, j’ai trouvé une explication plausible (et simple) que je veux partager avec vous.
On va d’abord étudier ce qui se passe sur le plan anatomo-physiologique avant de voir ce qui arrive lors de la pathologie et de finir en donnant le traitement.
Si on étudie ce qui se passe au niveau anatomique et physiologique, il faut d’abord rappeler deux points importants :
- Tout mouvement doit se faire en utilisant un appui (dans l’espace, par exemple, c’est impossible puisque c’est le vide. Les cosmonautes ont besoin de petits propulseurs pour se déplacer.)
- Cet appui ne peut se faire que de deux manières : soit en COMPRESSION (par Ex : marcher en s’appuyant sur le sol), soit en SUSPENSION (par Ex : s’accrocher à une branche ou à une corde pour jouer à Tarzan!)
A noter que si l’on combine les deux appuis, on obtient le principe bien connu de la TENSÉGRITÉ. Par exemple en architecture : ici, le toit du B.C. Center à VANCOUVER (Canada)
On retrouve exactement la même combinaison dans le corps au niveau du genou, par exemple. Il fonctionne avec deux condyles en compression à l’arrière et le tendon rotulien en suspension (traction) à l’avant.
Où encore la cheville qui fonctionne avec deux appuis en compression à l’avant dans le sinus du tarse et le tendon d’Achille en suspension à l’arrière.
Si on revient au genou, par exemple :
Classiquement, il comprend deux compartiments : un compartiment interne et un compartiment externe. Ont-ils la même fonction ?
L’anatomie et la physiologie nous démontrent que non.
1) Les Ménisques :
– L’interne a une forme de croissant en C, les insertions sont éloignées => + fixe
– L’externe a une forme de O, les insertions sont rapprochées => +mobile.
2) Les condyles :
– La surface de déroulement du condyle externe est plus longue que celle du condyle interne => + mobile.
3) Les ligaments latéraux :
– Le L.L.I. (ligament latéral interne) qui va du fémur au tibia soit : une articulation.
– Le L.L.E. (ligament latéral externe) qui va du fémur à la tête du péroné. Et ensuite, il y a le ligament péronéo-tibial. Donc, deux articulations => + de mobilité.
4) La gravité :
Elle est décrite, classiquement comme passant par l’épine Tibiale interne.
Conclusion :
– Le compartiment interne est fait pour la statique : position debout, en charge.
– Le compartiment externe est fait pour la dynamique : pour la rotation automatique du segment jambier sur la cuisse.
Maintenant, voyons voir un peu ce qui se passe lorsque on se tord la cheville.
Généralement, le pied tourne en dedans (varus) ce qui:
– fait descendre le péroné par rapport au tibia et donc met le L.L.E. en tension.
– Crée une tension extrême sur la M.I.O. (membrane inter-osseuse entre tibia et péroné) qui les relie ce qui a tendance à les solidariser en bloquant le péroné en position basse par rapport au tibia.
Lors des tests ostéopathiques, on trouve:
– Un péroné figé mais qui a quand même une tendance à vouloir se déplacer en direction caudale plus qu’en direction céphalique.
– un ‘’nœud’’ dans la partie médio-inférieure du segment jambier en avant de la M.I.O.(parfois étalé sur une zone dure et douloureuse sur 10 à 15 cms !)
– Ainsi qu’une induration à l’intérieur et à l’arrière de la crête tibiale, au même niveau.
Conséquence: La tension sur le L.L.E. (par la position du péroné bloqué en position basse) fait que la traction sur le compartiment externe du genou devient + importante que la compression sur le compartiment interne.
On vient donc d’inverser le mode d’appui en passant de:
– la physiologie: où l’appui est en compression dans le compartiment interne et le mouvement dans le compartiment externe
– à la pathologie: où l’appui est maintenant en suspension dans le compartiment externe avec une demande de mouvement qui doit se faire dans le compartiment interne. Le problème est que le ménisque interne ne peut pas encaisser cette demande car il n’est pas fait pour faire beaucoup de mouvement => fissure, rupture d’une corne d’insertion, etc….
On vient donc de voir le scénario de ce qui devrait se passer quand tout fonctionne normalement et ce qui se passe lorsqu’un traumatisme, par exemple, est venu perturber ce bel équilibre.
Que peut-on faire en ostéopathie pour retourner à la normale ?
Tout d’abord, il va falloir libérer le péroné en dégageant le spasme sur la membrane intra-osseuse du segment jambier de manière à ce que le ‘’Nœud’’ disparaisse et que le péroné puisse remonter et et se trouver libre de monter et de descendre librement par rapport au tibia (et à d’autres structures, éventuellement!) et qu’il cesse de tirer sur le L.L.E. ce qui permettra au genou de retrouver une physiologie normale.
On vérifiera, également la position et la liberté des ménisques et de toutes les autres structures qui pourraient interférer, lors des tests, avec l’articulation du genou”
PS: Évidemment, il ne faudrait pas croire que cette explication soit la seule responsable des problèmes de ménisques. Bien qu’on la retrouve très souvent en pratique lorsque l’on se débarrasse des différentes couches lésionnelles qui se sont inscrites dans les tissus au fil des années, il ne faut pas oublier les autres possibilités qui sont infinies et parmi lesquelles on peut citer:
– un traumatisme direct sur les ménisques, sur la jambe ou le membre inférieur.
– d’anciennes fractures de pied , de péroné, de tibia.
– des problèmes de bassin, de dos, de statique, de gravité mal répartie, bref, des influences venant du reste du corps.