Douleurs et pathologies du genou dûes aux déséquilibres des chaînes musculaires et articulaires
L’articulation du genou est la plus volumineuse du corps humain. Elle est formée par la partie inférieure du fémur qui est convexe et la partie supérieure du tibia qui est légèrement concave. Cette articulation comprend aussi la rotule par rapport au fémur. La non congruence de ces surfaces articulaires est compensée par un épais revêtement cartilagineux et par l’interposition des ménisques. C’est une articulation très instable qui dépend de multiples ligaments et muscles autour de celle-ci pour assurer sa stabilité et sa mobilité. Ces particularités rendent le genou très vulnérable aux blessures ligamentaires, méniscales et articulaires. Comme il est interposé entre la hanche et le pied, il doit s’adapter à ces deux autres articulations, particulièrement.
À la marche le fémur, le tibia et le pied effectuent des mouvements de rotations dans des sens contraires continuellement et ceci, à chaque phase de la marche. Si le fémur et le tibia sont maintenus dans des positions spécifiques par des tensions musculaires élevées qui contrarient leur liberté de rotation, alors des lésions ligamentaires, méniscales et articulaires peuvent se développer avec le temps. Dans le même sens, Mme Godelieve Denys-Struyf, physiothérapeute et ostéopathe belge, parle alors d’excès de tension dans les chaînes musculaires qui devraient normalement nous permettre de bouger, de nous exprimer et non de nous contraindre. Basé sur ses connaissances dans d’autres méthodes thérapeutiques (Bobath, Kabat/PNF, Mézière, Piret/Béziers, la morphopsychologie et la médecine traditionnelle chinoise), cette thérapeute a développé avec les années le concept des chaînes musculaires et articulaires (Campignon P., 2001).
Afin de mieux analyser les problématiques de ces patients et ayant une formation en dessin, elle faisait des portraits de ces patients pour comprendre le lien entre leur posture et leurs douleurs. « Notre corps est langage, exprimant dans sa posture ce que nos mots ne parviennent pas toujours à exprimer » (G. Denys-Struyf). Selon cette thérapeute d’expérience, les différentes pulsions psycho-comportementales actionnent différents muscles à partir d’une articulation spécifique (pivot primaire). Ainsi, une véritable chaîne de tension myofasciale apparait dans le corps pour compenser. Par la suite, cette tension peut déséquilibrer le corps et l’emprisonner dans une certaine typologie. Dans la normalité, la tension dans les différentes chaînes devrait être en équilibre pour permettre des mouvements harmonieux et permettre de s’adapter aux exigences de notre environnement. Globalement, ces chaines de tension peuvent devenir excessives pour différentes raisons comme faire des mouvements répétitifs, avoir subi une entorse de la cheville, avoir des problèmes digestifs, être dans des états de stress prolongés, etc.
Par ailleurs, les membres inférieurs sont sous l’influence des cinq chaînes musculaires décrites par Mme Denis-Struyf (AM/PM, PA-AP, AL/PL). Des excès de tensions des chaînes antéro-latéral (AL) et postéro-latéral (PL) peuvent particulièrement déséquilibré les genoux . Ces deux chaînes nous permettent d’entrer en communication avec notre milieu selon ce même auteur et reflètent donc notre mode relationnel. Elles influencent fortement la position de la hanche et du tibia et par conséquent l’orientation des condyles fémoraux et des plateaux tibiaux qui forment l’articulation du genou. Précisons que l’axe mécanique normal du membre inférieur passe par le milieu de la tête fémorale, le milieu du genou et le milieu de l’articulation tibio-tarsienne. Le genou peut être déporté de cet axe physiologique à cause d’un excès de tension dans les chaînes AL/PL et subir précocement des usures méniscales, ligamentaires et rotuliennes, par exemple. Souvent notons que la tension élevée dans une chaîne crée une réaction dans celle qui est antagoniste.
Pour remédier à des problèmes et des douleurs de genou, l’ostéopathe va évaluer la mobilité des différents segments qui forment le membre inférieur ainsi que le bassin. En tenant compte de la posture globale de la personne, il va entreprendre un travail d’équilibration des tensions entre les différents muscles qui structurent les chaînes musculaires concernées et faire des liens avec ce qui pourrait causer ces excès (positions de travail, sport, problème viscéraux, traumatismes, stress intense…). Des exercices d’étirement et de conscience corporelle seront enseignés ensuite pour entretenir une bonne mobilité des articulations et diminuer les douleurs à long terme.
Bibliographie:
- Campignon Philippe, Pathologie du genou, Chaînes musculaires et articulaires G.D.S. Centre de formation Philippe Campignion, document d’appui de cours 2011
- Campignion Philippe, Les chaînes musculaires et articulaires- concept G.D.S., aspects biomécaniques, 2001
- Kahle L., Leonhardt H., Platzer W., Anatomie 1-appareil locomoteur, Flammarion 1998
- Kapandji I.A., Funktionelle Anatomie des Gelenke-Band 2-Untere Extremität, Ferdinand Enke Verlag Stuttgart 1985