Le torticolis d’origine musculaire du nouveau-né et du nourrisson

Le torticolis d’origine musculaire du nouveau-né et du nourrisson

7 mars 2016

Le torticolis d'origine musculaire du nouveau-né et du nourrissonUn torticolis d’origine musculaire chez le nouveau-né et le nourrisson se caractérise par un raccourcissement ou une rétraction des muscles  sterno-cléido-mastoïdiens (SCOM’s) qui induisent un désalignement de la tête et de la région cervicale, soit une inclinaison et rotation opposée, de façon persistante ou transitoire. Quand on le regarde de face, les yeux ne sont plus sur une ligne horizontale. Le nourrisson ne peut pas ou peut difficilement tourner la tête du côté opposé au torticolis.

Plus spécifiquement, les muscles SCOM’s, principaux responsables de cette position anormale, s’étendent du manubrium (partie haute du sternum) et de la partie interne de la clavicule à la partie inférieure de l’os temporal (mastoïde) et de l’occiput. Lorsqu’il se contracte d’un côté, il crée une inclinaison du même côté et une rotation et translation de l’autre côté de la tête. Ils travaillent de concert avec d’autres muscles du cou pour orienter la tête dans l’espace et réagissent à différentes tensions globales du corps.

Dans les derniers mois de la grossesse, la place dans l’utérus rétrécit et le fœtus est plus contraint à l’immobilité. Tout le corps du fœtus peut se trouver dans une position très asymétrique et cette immobilité pourrait entraver l’apport sanguin aux muscles SCOM’s et conduire à une fibrose et un raccourcissement de ceux-ci.  Un torticolis peut aussi se produire durant l’accouchement (présentations par la tête ou par le siège) où la tête et la région crânio-cervicale subissent beaucoup de contraintes dans le bassin de la mère.  À ceci peut se rajouter une augmentation des forces qui agissent sur le bébé par une extraction instrumentale (forceps ou ventouse) et ou un travail et des poussées très longues et laborieuses.

Mentionnons que les vertèbres cervicales ainsi que les os de la base du crâne du nouveau-né ne sont pas encore ossifiés. Ils sont très malléables et se composent d’os et de cartilage de croissance. Pendant la grossesse et l’accouchement, ils peuvent subir des fortes contraintes. Plus précisément, l’innervation des SCOM’s est assurée  par les nerfs crâniens (XI accessoire) qui sortent de la base du crâne et les deux premiers nerfs cervicaux. La vascularisation de ces nerfs et de ces muscles est assurée par les artères qui rentrent dans le crâne au niveau de l’occiput. Ainsi, une compression de cette région peut compromettre l’innervation et la vascularisation des SCOM’s. Il est donc important qu’un blocage de cette région soit libéré le plus tôt possible pour éviter que le torticolis  et un aplatissement de la tête (plagiocéphalie) s’installent en réaction. De même, un torticolis persistant pourrait induire une asymétrie crânienne et même faciale. D’un autre côté, il existe toutefois des attitudes posturales qui sont dues à un problème visuel  suite à une paralysie nerveuse (nerf trochléaire) ou à une position antalgique lors d’un reflux gastrique, par exemple. Toutes ces causes peuvent aussi être présentent en même temps à différents degrés.

Finalement, la liberté des mouvements de la tête et du cou  est primordiale pour le nouveau-né. Ce sont les premiers mouvements que le nouveau-né commence à maitriser qui lui assure une bonne coordination entre les mains et la bouche et entre les mains et les yeux. Ils sont importants également pour assurer un bon développement neuro-moteur  et une tension musculaire symétrique de tout le corps. C’est par ces mouvements que le nouveau-né commence à communiquer avec son environnement et à explorer celui-ci. Ils assurent aussi l’horizontalité du regard qui est fondamental pour l’orientation spatiale et la coordination motrice.

Ainsi, la prise en charge en ostéopathie du nouveau-né est primordiale pour assurer, entre autre, la liberté et l’alignement de la région entre le crâne et les vertèbres cervicales et favoriser un développement neuro-moteur normal. En dernier lieu, des recommandations seront faites aux parents afin de favoriser et de stimuler le développement d’une motricité symétrique chez le bébé et d’enseigner à ceux-ci les meilleures façons de tenir leur bébé dans ce contexte de torticolis.

Bibliographie :

  • Roselyne Lalauze-Pol, Le Crâne du Nouveau-né, 2ième édition, Sauramps Médical 2008
  • Kahle L., Leonhardt H., Platzer W., Anatomie 1 appareil  locomoteur, Flammarion 1998
  • Campignon Philippe, Les chaines musculaires et articulaires méthode G.D.S., Les Chaines antéro-latérales, 2004
  • De Gruyter, Pschyrembel Klinisches Wörterbuch, 255e édition, Walter de Gruyter- Berlin- New York, 1986
À propos de l'auteur

Martina Hühner, D.O.

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